Plaie sois et or I
Installation en triptyque, 2022
"Plaie sois et or" I
Installation en triptyque
2022
J’ai tenté de regarder les déchirures, fêlures, stigmates, vides et absences comme à la fois « des blessures de sang et de lumière », expression que Richard Brunck de Freundeck emploie pour décrire la façon dont Grünewald peint le corps lacéré, affecté, martyrisé du Christ. D’après lui, « Meurs et deviens » telle aurait pu être la devise du peintre si, au préalable, il n’avait éprouvé le désir de galvaniser la matière colorée en y gravant des stries et des blessures de sang et de lumière, assez souples pourtant pour imiter, dans leurs sillages et dans leurs détours, le fil contenu d’une incantation. »
(Essai, « Grünewald ou le paradoxe » de Richard Brunck de Freundeck, 1947).
Dans le projet « Plaie sois et or » I, cette injonction d’être à la fois « plaie » et « or », je la mets en résonnance avec l’iconographie de la Passion, tout particulièrement avec la représentation du corps du Christ sur la prédelle du retable d’Issenheim de Matthias Grünewald. Le peintre y approche, par la représentation du Christ défiguré, violenté, non pas la souffrance de l’Homme-Dieu mais la souffrance humaine, dimension qui explique aussi en partie mon intérêt pour travailler avec la prédelle.